Un nouveau scandale alimentaire plaide pour le renforcement de REACH par le conseil de l’UE

La découverte d’une contamination par une substance chimique, connue sous le nom d’isopropylthioxanthone (ITX), a conduit à la saisie de 30 millions de litres de lait pour bébé Nestlé par la police italienne et au retrait par la compagnie suisse des produits incriminés en Italie, en France, en Espagne et au Portugal. La substance en cause, l’ITX, servait d’ingrédient des encres de l’emballage en carton des produits Nestlé desquelles elle parvenait apparemment à se diffuser dans les produits laitiers. Très peu d’informations sont disponibles sur cette substance de l’aveu même de Nestlé et de son sous-traitant d’emballage, le suédois Tetra-Pack, bien que l’agence états-unienne pour l’environnement (US-EPA) ait classé certains de ses isomères comme très dangereux pour l’environnement.

Cette affaire illustre pour Greenpeace plusieurs problèmes qui ne seront pas résolus par le texte actuel de la future réglementation REACH, ni dans sa version initiale, ni dans celle amendée la semaine passée par les parlementaires européens, ni dans la proposition de compromis de la Présidence Britannique du Conseil. « Le mauvais compromis sur la procédure d’enregistrement qui a accordée au lobby de l’industrie chimique un allègement intolérable des exigences de fourniture d’informations va maintenir une situation où les consommateurs resteront exposés à des substances potentiellement dangereuses jusque dans leur alimentation » commente Yannick Vicaire, chargé de la campagne Vigitox à Greenpeace France, « les utilisateurs en aval de substances chimiques comme Nestlé ou Tetra-Pack en pâtiront également car ces scandales nuisent à leur réputation » . Par ailleurs, le Comité Permanent des Médecins Européens avait déjà averti qu’en l’état du compromis sur l’enregistrement, la sécurité sanitaire et environnementale des citoyens n’était pas en mesure d’être assurée. « Les excellentes propositions du Parlement européen sur l’Autorisation et la substitution demeureront un outil virtuel si l’Enregistrement ne nous permet pas d’identifier les substances dangereuses et celles susceptibles de les remplacer » appuie Yannick Vicaire.

Alors que les ministres de l’UE se sont apprêter à leur tour à statuer sur REACH lors du Conseil de Compétitivité des 28-29 novembre derniers et du Conseil exceptionnel et décisif du 19 décembre (obtenu par l’activisme allemand anti-REACH), Greenpeace presse encore une fois les autorités françaises à relever le niveau de l’Enregistrement pour qu’aucune des 30 000 substances concernées par REACH n’échappe à la connaissance minimale permettant de caractériser leurs propriétés dangereuses et de les classifier en fonction ainsi qu’à entériner le principe de substitution dans la procédure d’Autorisation. « Le rôle de la France est aujourd’hui double : elle doit d’une part renforcer le texte et de l’autre s’assurer, en tant que 2eme puissance chimique européenne, de contre-balancer les mauvaises dispositions du gouvernement allemand qui milite au nom des intérêts à court terme de ses géants... » conclut Yannick Vicaire.

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